vendredi 30 janvier 2015

"Phèdre" de Jean Racine


PHÈDRE :
(...)
Sous les lois de l'hyménée je m'étais engagée, 
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi, 
Athènes me montra mon superbe ennemi. 
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. 
(Acte I, scène III)

Cadre : Antiquité grecque, à Trézène, ville du Péloponnèse

Résumé : Au tragique psychologique – celui de l'amour – vient se superposer un tragique en quelque sorte moral – celui de la dignité perdue – qui n'apparaît que dans Phèdre. Ici seulement, le personnage se livre à sa passion en la haïssant, continue à combattre contre soi, tout en s'abandonnant à lui-même, pour être vaincu enfin sur les deux plans où se développe cette tragédie singulière : le plan moral et le plan psychologique. Phèdre est un témoin de la liberté. Racine remplit ici la vocation éternelle de la tragédie, qui est d'orchestrer une méditation sur la situation de l'homme.

Informations : Phèdre est une tragédie tardive et innovante. Il s'agit de la dernière grande tragédie de Racine (qui compte), elle passe pour son chef-d'oeuvre. Racine aimait beaucoup s'inspirer de la mythologie et ses tragédies ne portent que sur des héroïnes tragiques et non pas des héros.
  Pour écrire cette pièce, Racine s'est inspirée de l'Hippolyte (- 428) d'Euripide, un dramaturge grec du Vème siècle avant Jésus-Christ. Cependant, chez Racine, Phèdre devient un personnage plus tragique, il conserve la part divine mais il insiste sur la passion amoureuse comme une fatalité ; et il invente le personnage d'Aricie qui a un fonction actancielle puisqu'elle est à la fois la rivale politique et la rivale amoureuse de Phèdre, elle exacerbe ainsi la jalousie de Phèdre. On compte aussi une autre Phaedra, écrite par le dramaturge latin Sénèque (Ier siècle après Jésus-Christ) en 50 après Jésus-Christ environ.
  Phèdre est régulièrement portée sur la scène : en 1573 par Garnier, en 1645 par Gilbert, en 1675 par Bidar et en 1677, la même année que Racine donc, par Pradon, sans compter les reprises contemporaines.

Mon avis : <3
  J'ai déjà lu et étudié cette pièce de théâtre en long et en large en classe de seconde. L'étude avait été laborieuse car on y avait passé un bon moment et c'est même sur cette pièce que j'ai commencé à pratiquer l'exercice du commentaire de texte. J'ai été beaucoup moins emballé par l'analyse de cette oeuvre que pour La Princesse de Clèves, peut-être parce que l'histoire ne trouve aucune résonance en moi. C'est dommage, en quelque sorte, d'avoir recommencé l'étude de cette pièce mais j'ai ainsi pu la mettre en perspective avec mes cours magistraux sur le XVIIème siècle. Ainsi, de nombreuses répliques, que j'apprécie beaucoup, me parlaient.
  Le sujet me plaît car il est actuel. Même si le cadre de la pièce est mythologique il est tout à fait possible qu'une femme tombe amoureuse de son beau-fils. Cette résonance avec aujourd'hui me semble très importante. Ce n'est pas évident de s'identifier à Phèdre parce qu'elle a au moins quarante ans, c'est pour cela que ce texte me parle moins que d'autres sans doute.
  Le texte est beau et assez fluide, l'analyser a été un vrai plaisir. Cependant, les références mythologiques, nombreuses, sont un obstacle pour les non initiés car il faut absolument les éclaircir pour comprendre suffisamment la pièce, notamment sur la généalogie de Phèdre qu'elle invoque beaucoup. Phèdre est la petite-fille du Soleil et sa soeur est Ariane, qui avait été délaissé par Thésée alors qu'elle l'avait aidé à retrouver son chemin.
  J'aimerai beaucoup lire la version d'Euripide, qui a été la source de Racine, mais aussi celle de Sénèque. Je souhaiterai aussi voir au moins une représentation de la pièce car le personnage de Phèdre doit demander, plus qu'aucun autre dans la pièce, une énergie incroyable, pour devoir jouer à la fois une passion insurmontable et une douleur extrême.

=> Une pièce phare de Racine à connaître absolument !

Genre : tragédie
Publiée en 1677
Représentée pour la première fois le 1er janvier 1677 à Paris 
par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne
Pages : 157
Français

dimanche 25 janvier 2015

"Vous ne l'emporterez pas avec vous" / "You Can't Take It with You" de Frank Capra


FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Frank Capra
Scénario : Robert Riskin, d'après la pièce éponyme de George S. Kaufman et Moss Hart que Capra découvre au théâtre
Genre : Comédie romantique
Production : Columbia
Sortie en 1938
Avec Jean Arthur (Alice Sycamore), Lionel Barrymore (le grand-père Martin Vanderhof), James Stewart (Tony Kirby)

Analyse du film : Il s'agit d'une comédie loufoque à caractère social, tout comme Mr. Smith au Sénat ou L'extravagant Mr Deeds. La famille Vanderhof-Sycamore incarne les valeurs humaines et morales chères à Capra, mais cette famille est déjantée. Tandis que la famille Kirby est bourgeoise et arrogante. Les personnages secondaires sont bien représentés, Capra étant connu pour bien mener ses acteurs.
Ce film présente des situations cocasses avec un éloge de la fantaisie tout comme dans Holiday de George Cukor (1938, Columbia). On est dans un comique de langage et de corps. Par ailleurs, tout est en mouvement et le rythme est très rapide. La famille est présentée comme une communauté qui vit ensemble, qui construit ensemble. Les personnages de la famille sont tous différents et cela rend le groupe familial complètement déstructuré. Chacun vaque à ses occupations (la mère écrit, la fille danse...) mais il y a cependant une certaine harmonie. La solidarité est donc un maître mot du film.


Repas de famille

Synopsis : Après avoir fait fortune, le vieux Vanderhof est devenu un sage en pensant que l'argent ne fait pas le bonheur. Il vit entouré de ses petits-enfants et de ses domestiques, pour le moins originaux. Mais voila que sa petite-fille Alice tombe amoureuse de Tony Kirby, le fils d'un homme d'affaires. Si Alice et Tony s'aiment, ce n'est pas le cas des Vanderhof et des Kirby, qui n'ont pas réellement la même conception de la vie.

Mon avis : <3 <3 <3
  Ce film a été un vrai coup de coeur, notamment pour la scène de liesse finale, au moment du déménagement de la famille. Attention spoiler : cette scène est l'occasion de réconcilier les deux familles, dont l'une a des valeurs aristocratiques et l'autre non. C'est un moment magnifique et j'ai visionné au moins quatre fois la scène où le père Kirby et le grand-père interprètent la chanson Polly Wolly Doodle à l'harmonica et que tout le monde se retrouve à ce moment-là. Cette scène est la plus joyeuse que j'ai vu au cinéma et elle me marquera encore longtemps je pense. Non seulement elle présente la joie autour d'une chanson entraînante mais elle permet aussi la réconciliation entre deux familles et au sein d'un couple.
  Les personnages sont très amusants car il ont chacun une activité : la danse, les inventions, l'écriture... J'ai adoré la construction travaillée des personnages, chacun a l'air d'avoir été étudié et ensuite la mise en scène a créé une harmonie entre eux. Le salon a l'air d'une scène de théâtre, il y a beaucoup d'objets, des projectile fusent parfois... C'est excellent ! Le panneau où il est inscrit "Home sweet home" tombe souvent à cause d'explosions et est remis au moins à cinq reprises par un personnage. J'ai aimé cette insistance ! J'aime bien les valeurs prônées : la solidarité, la famille, le contraste entre les "pauvres" et les riches (le père et son fils, bourgeois) sont à l'écart de la foule dans la prison). Les mots-clés du film me paraissent être les suivants : famille farfelue, joie, luxe, amour, activités, ambiance. Des thèmes qui ont de quoi donner le moral !

=> Un film où l'ambiance familiale est très bien retranscrite et donne de la joie au spectateur. À vous de le voir !

Scène finale que j'ai adoré !

samedi 17 janvier 2015

Garry Winogrand et la société américaine des années 1950-1970

Le photographe

Garry Winogrand (1928-1984), photographe américain de l'après-guerre, est un artiste singulier dans le sens où il a pris de multiples photographies... sans les avoir toutes vues. Il aimait photographier à la hâte et préférait plutôt réaliser des prises de vue que de les trier, les exposer ou les publier. C'est pourquoi il a laissé 6 600 rouleaux de pellicule sur lesquelles il n'a jamais travaillé. Lors de la vidéo présentée au Musée, il a affirmé qu'il ne faisait pas de choix mais qu'il préférait acquiescer. Le commissaire invité pour l'exposition, Leo Rubinfien, a donc du visionner 22 000 planches-contacts qui étaient alors conservées au Center for Creative Photography, à l'Université d'Arizona (Tucson). 

Les photographies datent des années 1950 aux années 1970, et les scènes se déroulent aussi bien à New York où est né Winogrand, qu'à Dallas, Los Angeles, au Texas ou encore en Californie. Ces scènes donnent un aperçu de la vie quotidienne de ces années-là : dans les bus, les magasins, à l'aéroport... et même les rassemblements politiques, dont ceux de Richard Nixon.
Après 1971, ses photographies perdent de leur tonalité. En 1984, à 56 ans, il est atteint d'un cancer incurable et meurt un mois après avoir appris la terrible nouvelle.


Les photos étant interdites, j'ai dû les prendre sur internet. J'espère quand même que grâce à ce que j'ai trouvé vous aurez un petit aperçu de l'oeuvre de l'artiste.

Metropolitan Opera, New York, vers 1951


Los Angeles
1964

Los Angeles
1960





Pour finir, une photo que je trouve magnifique :

New York
1961
Tirage d'époque


Le titre que j'ai donné à cet article dit assez bien ce que je retiens de cette exposition : elle nous offre un panorama de la vie américaine de ces années et c'est cela que je trouve magnifique. Voir New York et toutes ces villes américaines dans lesquelles je ne suis jamais allées mais dans une autre époque, découvrir que les cafés américains (je n'ai malheureusement pas trouvée les photos pour vous les montrer) ressemblent exactement à ceux des films, avoir une vue de la mode d'époque (j'ai adoré, les perles étaient de sortie en plus !). Voici les raisons pour lesquelles j'ai aimé ces photographies. Savoir que le photographe n'a même pas tirer ou vu ses photos me surprend énormément et je pense que c'est ce que je vais retenir de lui. Le point plus négatif pour une visiteuse comme moi c'est qu'il n'y aucun renseignement par rapport aux photographies, c'est donc au visiteur d'interpréter lui-même la scène photographiée. Je trouve cela assez difficile, j'aime beaucoup avoir des écriteaux et savoir ce qu'il se passait vraiment au moment de la prise de vue. Dans la vidéo du musée, Garry Winogrand précise qu'il n'avait pas le temps de parler avec ses sujets.
Je suis satisfaite par cette exposition que je vous conseille, rien que pour vous immerger dans un autre pays, et dans une autre époque.


Garry Winogrand
Musée  du Jeu de Paume
14/10/2014 - 08/02/2015
Paris 8


samedi 10 janvier 2015

Série "La catin" d'Iny Lorentz


Résumé : Constance, 1410. La belle et pure Marie est promise à Ruppertus, riche avocat peu scrupuleux qu'elle ne connaît guère, en échange d'une dot conséquente. Mais la veille de ses noces, son avenir s'effondre : victime d'un horrible complot, elle est accusée de dévergondage, jetée en prison et, alors qu'elle y attend d'être innocentée, trois brutes la violent sauvagement. Inculpée du péché de chair, Marie est torturée et bannie de la ville, pendant que Ruppertus s'approprie tous ses biens. Seule, blessée, elle est recueillie et soignée par des femmes de petite vertu. Ayant tout perdu, Marie n'a d'autre choix que d'adopter la vie des prostituées vagabondes. Privée injustement de ses droits, elle endure pendant cinq ans l'humiliation quotidienne, la violence, les privations. Mais son désir de vengeance la pousse à vivre...

Mon avis : J'ai vu ce roman sur bien des blogs il y a un certain moment et je comprend pourquoi. Le blog conserve bien d'autres chroniques sur des romans moyenâgeux car je préparais cet été, en lecture, mes cours d'histoire sur le Moyen Âge, que je n'ai finalement pas eu...
  Le souci que j'ai pu avoir dans ma lecture c'est que j'avais déjà vu l'adaptation du livre il y a quelques années, mais quand même, je n'avais presque pas de surprise quant à l'histoire, et le résumé en dit trop je trouve. Mais vers le milieu du livre, le film ne me disait plus rien et j'ai été tellement prise dans ma lecture que je ne ressentais plus aucune gêne.
  J'ai littéralement adoré cette lecture et quand j'ai fini le roman je n'avais plus qu'une idée : lire la suite ! J'ai été avide de lire et de connaître le destin de Marie jusqu'à la fin. J'ai eu le sentiment que les pages défilaient rapidement sous mes doigts, même s'il est vrai que j'ai lu une version où les caractères sont gros. L'écriture m'a assez plu et l'histoire, même si je me disais que parfois c'est vraiment romanesque, m'a plu. Je me demandais souvent : mais si Marie avait été enfermé dans un couvent, comment aurait-elle exercer sa vengeance ?, etc. Bref, j'ai été prise dans l'histoire comme jamais.
  La difficulté qu'il y a eu à la lecture a été les nombreux noms et lieux allemands dont je suis totalement étrangère car je ne suis pas du tout germaniste. Mais ça ne m'a quand même pas empêché d'adorer l'histoire.
  C'est sans doute un des premiers et rares romans que je lis sur le Moyen Âge, outre Le faucon déniché de Jean-Côme Noguès que j'avais lu en primaire et que j'avais tellement détesté que je m'en souviens encore ! C'est donc un bon cru qui m'attendais là et ça m'encourage à en lire d'autres. En effet, la période du Moyen Âge est sans doute celle que j'aime le moins et que je connais aussi le moins, mais comme devais l'étudier, je souhaitais "être dans l'ambiance" (finalement, les programmes ont changé et je n'ai pas étudié le Moyen Âge...).
  L'épilogue nous donne la vérité historique, ce qui est curieux mais appréciable, on sait à quoi s'en tenir sur les personnages.

=> Entre Moyen Âge et vengeance, ce récit est très prenant. Je le conseille à tous les amateurs d'Histoire et de Moyen-Âge.



Résumé : Rheinsobern, Allemagne, 1420. Dix ans ont passé depuis le mariage de Marie, l'ancienne " catin ", avec Michel, seigneur du château. Dans cette petite cité rhénane, ils coulent des jours heureux. Mais en Bohème, la guerre contre les hussites fait rage et Michel, sur ordre de l'Empereur, doit partir combattre. Affrontant courageusement l'ennemi, il tombe lors d'une attaque surprise et est laissé pour mort. Tout le monde est alors convaincu qu'il ne reviendra jamais, sauf Marie. Avec sa fille, elle décide de partir à sa recherche. Se faisant passer pour une cantinière, elle rejoint l'armée, et tous ses dangers. Face aux soldats violents, avides de victoire à tout prix, la jeune femme ira jusqu'au bout de sa destinée pour protéger les siens. Le deuxième volet d'une trilogie historique haletante, portée par un souffle épique.

Mon avis : Ce second tome nous partage entre le récit concernant Marie et celui concernant son mari, Michel. Tout comme le premier tome, ce roman est très prenant et se lit très facilement (il n'y a pas besoin d'être très calé en histoire pour le lire). J'ai le sentiment d'avoir appris plein de choses sur le Moyen Âge grâce à ce livre et j'en suis très contente ! Marie se montre toujours aussi courageuse et sa fille a l'air trop mignonne ! Ce que je regrette est que le résumé dévoile trop d'éléments de l'histoire, ce qui fait que j'attendais les actions et qu'il y avait moins de surprises. Toutefois j'adore cette saga et l'histoire est très prenante !



Résumé : A leur retour de Bohême, où elle a retrouvé son époux, Marie s'est installée avec sa famille et ses compagnons de voyage au château de Kibitzstein. Après avoir constaté qu'elle attend un enfant, elle se hâte de rendre visite à son amie Hiltrude pour être de retour avant l'accouchement. Mais par un malheureux hasard, elle croise en chemin la femme de leur défunt ennemi, Hulda von Hettenheim, elle aussi enceinte. La veuve, dévorée par la jalousie et la rancune, lui réserve un destin inhumain qui conduira Marie jusqu'à Constantinople. Après La catin et La châtelaine, le troisième volet des péripéties de Marie Adler peint une magnifique fresque de l'Europe de la première moitié du XVe siècle.

Mon avis : La lecture de ce troisième et dernier tome commençait mal. J'ai pour habitude de lire des sagas à grandes intervalles et non le même été, du coup j'en avais presque marre de me replonger dans les aventures de Marie. J'ai eu une mauvaise période de lecture peut-être mais je suis passée à côté de plein de passages de cette série ; je n'aurai pas pu lire un tome de plus. Cependant, je suis contente de l'avoir fini. C'est déprimant de voir que le sort s'acharne sur Marie, je me sens très proche d'elle sur ce point.


==> En somme, cette série m'a plu, contrairement à ce à quoi je m'attendais. Le premier tome a été le plus prenant mais lire la suite a aussi été un plaisir. Je conseille donc vivement cette série à tous ceux qui aiment l'Histoire et à ceux qui aimerait s'intéresser plus au Moyen Âge sans tomber dans une lecture trop précise.



Genre : Romans historiques
Publiés le 4 septembre 2008 / 2010 / 2010
Pages : 499 / 571 / 571
Allemand

+ Adaptation télévisée de Hansjörg Thurn avec Alexandra Neldel (série Le destin de Lisa) dans le rôle de Marie Schärer.