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samedi 19 octobre 2019

"12 scandaleuses de l'Histoire" de Marc Fourny


"On l'a pourtant mise en garde de ne pas se mêler de politique : ce n'est pas la place d'une femme, encore moins d'une culte, lui fait-on comprendre à demi-mot. Autant de freins qui attisent la fougue de cette révoltée, soucieuse de se faire une place dans ce milieu misogyne. Désormais, elle suit son instinct et rend coup pour coup. Un jour, à un pédant qui se vante d'écrire les pièces de Mme de Gouges en sous-main, en ajoutant des fautes pour faire croire que l'oeuvre est bien d'elle, elle réplique : "On trouve communément des hommes de votre espèce, mais apprenez qu'ils faut des siècles pour faire des femmes de ma trempe."

Résumé : Elles ont été critiquées, insultées, rabaissées, voire éliminées pour avoir un peu trop levé la tête ou leurs jupons, dans un monde où les femmes étaient condamnées à mener une vie conjugale exemplaire, sous peine de s'attirer les foudres d'un pouvoir exclusivement masculin. Favorites rêvant d'un trône, espionne mélangeant politique et sentiments, militante féministe, princesse trop téméraire, artiste sans tabou, toutes ont payé le prix fort leur engagement ou leur rêve démesuré. 
Messaline, Anne Boleyn, Wallis Simpson, mais aussi Olympe de Gouges, Mata Hari, Joséphine Baker, elles ont toutes fait scandale pour avoir osé franchir un fossé bien trop grand pour leur sexe ou leur condition. Au-delà de leur image, souvent maculée par l'opprobre, ce livre nous plonge dans le destin de ces femmes sulfureuses qui ont changé, à leur manière, le cours de l'Histoire.

Mon avis : <3 <3

  Cet ouvrage est exactement ce que j'aime : la mise en avant de femmes qui ont marqué l'Histoire. Ce qui est intéressant avec ce genre de livres contenant plusieurs biographies, c'est qu'il présente à la fois des personnes connues et peu ou pas connues. 

L'ouvrage commence par la biographie de Messaline, femme romaine mariée à l'empereur Claude et qui n'avait qu'une envie dans la vie : s'amuser ! Je ne lis jamais d'histoire sur l'Histoire romaine, mais cette lecture a réveillé mon appétit, j'ai bien envie de me lancer dans la lecture d'ouvrages sur cette période désormais. Il faut dire que c'était une sacrée époque ! Par exemple, Messaline se marie pour de faux alors qu'elle est mariée à l'empereur Claude. Il y a de quoi s'amuser quand on lit ces histoires d'un autre temps !

Il y a les personnalités que je connaissais déjà et sur lesquelles je n'ai pas appris grand-chose de plus, comme Christine de Suède ou encore Anne Boley. Et il y a celles que je connais désormais grâce au livre : Marie-Catherine de Brignole, reine monégasque (je ne connais pas du tout l'Histoire de Monaco car je ne me suis jamais penchée dessus mais le récit était très intéressant !) ou encore Lola Montès. Quelle femme ! Elle m'étonne car après avoir vécu avec un roi, Louis Ier de Bavière, elle s'isole dans une ferme. Mata Hari et Joséphine Baker étaient également des femmes dont je ne connaissais pas la vie en détail. De Joséphine, je ne connais que la chanson "Chiquita madame" faisant l'objet d'une scène que j'adore dans le film Odette Toulemonde.

Le livre m'a aussi permis d'amplifier mes connaissances sur certaines femmes, comme la comtesse de La Motte, aventurière qui fit du mal à Marie-Antoinette, et la duchesse de Berry.

J'ai un peu moins accroché avec certaines histoires, comme celle de Gabrielle d'Estrées, la maîtresse d'Henri IV ou encore Wallis Simson. C'est pourtant un large choix qui a été fait. Ce livre à multiples personnalités pourraient être lassant à lire d'une traite mais je n'ai eu aucun mal car chaque femme a sa manière bien à elle de s'affirmer.

Ces scandaleuses sont des femmes marquantes. J'ai remarqué que beaucoup d'entre elles étaient sans le sou dans leur enfance. C'est sans doute ce qui explique leur envie de prendre leur revanche par la suite sur la vie. J'en admire beaucoup parmi elles, dont Olympe de Gouges (cf. la citation ci-dessus dont je trouve sa réplique brillante ! Elle n'a pas eu une grande instruction, mais a su jouer de son intelligence).

La plume est agréable à lire. L'auteur arrive assez bien à nous narrer la vie de chaque personnalité en quelques pages. La seule chose qui m'a gênée est lorsqu'il inclut des comparaisons avec les célébrités d'aujourd'hui, car je trouvais que cela cassait le rythme du récit historique et que je trouve non judicieux de comparer deux personnes de deux époques différentes.

Désormais, beaucoup d'autres titres de la série me tentent : 12 résistantes qui ont changé l'Histoire, 12 couturières  qui ont changé l'Histoire, 12 reines d'Europe qui ont changé l'Histoire, 12 corsets qui ont changé l'Histoire... Tous les titres de la collection en fait !

=> Douze femmes et autant de scandales. 12 scandaleuses qui ont changé l'Histoire permet de découvrir ou de redécouvrir des femmes qui ont fait ce dont elles avaient envie. Une lecture historique rafraîchissante et amusante. Il fallait y penser !


Genre : Biographies historiques
Publié en 2015
Pages : 367
Français

mardi 1 octobre 2019

"Le Secret des conteuses" ou l'art de la conversation au théâtre

Cet après-midi là, Ninon de Lenclos a souhaité réunir Madame de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry et Madame Scarron dans son salon afin de les initier à un petit jeu de sa composition. La pièce de théâtre - une comédie - est une création originale déclamée actuellement au Théâtre Déjazet.




   "Que se passe-t-il dans cette maison ?", s'interrogent Madame de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry et Madame Scarron (future Madame de Maintenon). En ce jour de l'année 1671, les trois femmes se retrouvent toutes chez Ninon de Lenclos, à l'hôtel de Sagonne, à Paris. Un salon très couru, où se presse ordinairement la belle société. Mais cet après-midi là, Molière, La Fontaine, La Rochefoucauld et bien d'autres auront beau se présenter à la porte, ils ne seront pas reçus. La courtisane Ninon de Lenclos est pourtant friande de la compagnie masculine, mais aujourd'hui, les hommes - aussi éminents soient-ils - ne sont pas les bienvenus.

"Pourquoi des femmes ? Parce que je voulais faire un hommage aux hommes. Et pour faire un hommage aux hommes, il fallait trouver des femmes du XVIIe siècle", explique Martine Amsili, autrice et metteure en scène de la pièce. Les quatre convives n'ont pas été choisi par hasard, ce sont toutes des représentantes de l'Esprit féminin français du XVIIe siècle. Il y a la fameuse Madame de Sévigné, grande épistolière ; Madame Scarron, qui fut chargée de l'éducation des enfants de Louis XIV et de Madame de Montespan ; et enfin la Précieuse Madeleine de Scudéry, qui tenait elle-même un salon dans le Marais et écrivit deux romans héroïques : Artamène ou le Grand Cyrus et Clélie. S'ajoute à ces beaux esprits la naïve et attachante Louison, chambrière qui ne comprend pas le but poursuivi par sa maîtresse. 

Vous pensez voir une histoire dans l'Histoire ? Détrompez-vous ! Nous sommes dans une comédie où les quatre personnalités montrent qu'elles sont aussi drôles. L'imprévisible Ninon, surnommée "Notre Dame des Amours", veut les initier à un petit jeu de sa composition : le secret des conteuses. L'idée qui poursuit la courtisane est de faire parler ces femmes, qu'elles se confient sur un honnête homme qu'elles ont aimé, chéri, avec qui elles auraient aimé passé la vie mais n'ont eu droit qu'à une nuit. Des secrets qu'elles gardent et que personne ne connaît encore...

"Il y a une dramaturgie. Au départ, ces femmes sont des convives. Ensuite, elles sont des causeuses, des femmes qui racontent la cour - que fait le Roi, avec qui va-t-il aujourd'hui ? Puis, elles deviennent des conteuses et des comédiennes de la vie où Molière puise ses comédies", explique la metteure en scène. On n'entre pas tout de suite dans le jeu - il faut bien présenter les personnages -, ce qui laisse le temps de rentrer dans l'époque. Mais c'est chose aisée. Au plafond, un lustre en bois avec des chandelles. Comme à l'époque. Nous sommes bien au 36 rue des Tournelles grâce aux décors - des dessins peints en 3D. Les costumes, confectionnés par des artisans d'aujourd'hui d'après des tableaux de l'époque, n'ont rien de factice (comme c'est souvent le cas dans les reconstitutions) et font encore davantage briller ces femmes.

Éditée il y a vingt ans avec sept personnages, la pièce a été remaniée par Martine Amsili. Celle qui a écrit une thèse sur l'art épistolaire au XVIIe siècle a voulu faire une pièce qui s'adresse à tout le monde. La langue déclamée sur les planches n'en reste pas moins celle d'une toute autre époque mais s'avère absolument sublime"Cette pièce a été écrite dans la musicalité. J'ai gardé la syntaxe du XVIIe siècle." Martine Amsili a écrit délicatement et conformément à l'époque, tout en essayant "de ne pas mettre trop de mots érudits."

=> Le Secret des conteuses nous plonge ainsi dans une toute autre époque, où la galanterie et l'art de converser primaient. Une belle pièce à voir... et aussi à écouter !



Représentations jusqu'au 12 octobre 2019


Article en partenariat avec le Théâtre Déjazet 

samedi 20 juillet 2019

"Les femmes et la révolution 1770-1830" de Christine Le Bozec



"Le monde révolutionnaire féminin est un ensemble complexe, ambigu et très minoritaire, trois caractéristiques bien souvent masquées par le panache du combat."


Mon avis : <3 <3

  Je ne serai sans doute jamais tombée sur cet ouvrage si une blogueuse, Loë, ne m'avait pas interpellée sur Twitter suite à un post des éditions Passés composés (une nouvelle maison d'édition consacrée à l'histoire) qui portait sur les salons littéraires, l'une de mes passions et la raison du nom de ce blog. Ni une ni deux, j'ai demandé aux éditions qu'elles m'envoient ce livre pour vous en livrer mon avis, que voici.

Cet ouvrage aurait pu avoir pour sous-titre : "Idées reçues sur les femmes à la Révolution française". Avec ce livre, la Docteure en Histoire Christine Le Bozec tente de déconstruire tous les préjugés qui entourent les femmes à l'époque de la Révolution. À commencer par un sujet qui me tient tout particulièrement à coeur : celui des "salonnières".

Cet essai commence par le constat d'un cliché : grâce à ces salons - des lieux de réunion, souvent animés par des femmes cultivées qui recevaient des femmes et des hommes de lettres, des artistes, des hommes politiques... les femmes du XVIIIe siècle auraient été libres voire libérées. Ce que montre Christine Le Bozec avec cet ouvrage, c'est qu'il n'en fut rien. Les salons littéraires ont surtout était tenu par des femmes, des hommes voire des couples de bonnes conditions sociales. Cette minorité parisienne surexposée a mis de côté une réalité, que l'historienne a bien raison de rappeler : à la veille de la Révolution, la France comptait 26 millions d'habitants, avec parmi eux 14 millions de femmes. On comptait seulement 15% de personnes habitant en ville. À Paris, seules soixante-deux femmes tenaient un salon. Ces lieux ne reflétaient donc en rien la condition des femmes de l'époque.



Les femmes et la Révolution permet donc de revenir sur tous les clichés que l'ont peut avoir sur les femmes durant cette période historique. Des faits parfois mal compris ou, le plus souvent, méconnus. La vérité, c'est que l'écrasante majorité des femmes vivait en milieu rural, sans marge de manoeuvre personnelle dans leur vie. À l'époque, les femmes étaient uniquement considérées comme des épouses et des mères de famille. Sur les dix années révolutionnaires, des femmes se battirent durant six ans, avant que les années 1795-1799 ne laissent la place à l'exclusion et au silence. Mais il ne faut pas oublier que toutes les femmes ne furent pas révolutionnaires, à signer des pétitions, fonder et rejoindre des clubs et des sociétés populaires. Il y a bien évidemment eu des réfractaires, notamment des femmes de la noblesse ou celles qui exerçaient des métiers dans le luxe.

L'autrice a donc organisé l'essai selon un ordre chronologique et par chapitres, eux-mêmes divisés en paragraphes. La spécialiste de la Révolution française n'hésite pas à faire des répétitions et annonce le propos de chaque paragraphe suivant. Malgré cette structure universitaire, qui pourrait éventuellement effrayer les moins férus d'Histoire, cet ouvrage est extrêmement clair, c'est la raison pour laquelle je le conseille volontiers à un large public. L'écriture est agréable parce que se voulant didactique. Si le fond est concis, les exemples sont nombreux pour étayer le propos. Les noms les plus connus sont évidemment mentionnés - Olympe de Gouges, Madame de Staël... - mais également des anonymes, telle Anne-Félicité Colombe, l'une des membres les plus actives au sein des Citoyennes républicaines révolutionnaires. Accusée de diffamation, elle distribua aux pauvres les indemnités qu'elle avait perçue après avoir remporté ce procès.

S'il me fallait donner un défaut, ce serait cette même brièveté du propos car au vu de mon niveau de connaissances sur le sujet, cela ne m'aurait pas dérangé, bien au contraire, que l'ouvrage soit plus fourni. Sa concision n'altère pour autant rien au fond et je suis ravie de cette lecture, qui ne me donne que plus envie de me plonger dans les ouvrages cités dans la bibliographie contenue à la fin.

Dressant un panorama complet de la situation des femmes dans la période qui s'étendit de 1770 à 1830, la Docteure en Histoire n'omet pas pour autant de parler des hommes. Les oppresseurs (Amir, Napoléon Bonaparte), mais aussi le si peu d'hommes qui défendirent la cause des femmes, sont évoqués. Poullain de la Barre a ainsi été longtemps considéré comme le précurseur du féminisme, défendant que "l'esprit n'a point de sexe" (je ne l'ai pas encore lu mais j'ai acheté dans la collection des livres Folio à 2€ De l'égalité des deux sexes de ce même homme, que j'ai désormais encore plus hâte de découvrir). Peu l'ont pensé mais certains ont voulu défendre les femmes, notamment leur éducation ou leur droit de vote.

Ce livre m'a mis face à des vérités historiques que je n'aime pas entendre. Lire l'oppression des femmes - que je combats - m'est toujours une chose difficile. Et me laisse un sentiment de tristesse. L'autrice rappelle dans la conclusion que cette "quête d'égalité {est} aujourd'hui encore inachevée, comme le prouve l'inégalité salariale entre les hommes et les femmes en 2018." De plus, il m'a davantage fait prendre conscience de ce que fut le XVIIIe siècle, que j'adore et que je pensais pourtant bien connaître, à tort.

=> L'essai Les femmes et la Révolution est une lecture essentielle pour qui veut connaître le XVIIIe siècle et la Révolution française sous toutes ses coutures. Accessible à tous, l'ouvrage se concentre sur les femmes pour donner une vision globale de leur vie durant cette période. Opprimées dans la société, la moitié de la population du royaume s'est aussi pourtant révoltée contre la cherté de la vie et pour la reconnaissance de la citoyenneté féminine. Une lecture historique qui permet de comprendre le combat des femmes, qui est loin d'être terminé.


Résumé : ll est courant d'affirmer qu'au XVllle siècle, les femmes étaient libres, les protagonistes de cette représentation utilisant à l'envi l'argument de celles tenant salon. Si quelques cas spectaculaires ne peuvent être niés, que disent-ils de la situation de la majorité des femmes, qu'elles soient paysannes, ouvrières dans l'artisanat et l'industrie, domestiques ou bien même institutrices ? 

Christine Le Bozec procède donc à un état des lieux de la condition féminine à l'époque des Lumières, avant d'envisager leur implication et leur rôle pendant et après la Révolution française. Elle montre que malgré les barrières culturelles, et même si les révolutionnaires demeurèrent prisonniers du carcan de préjugés ancestraux, les années 1789-1795 furent bien synonymes de conquête de droits, chèrement et âprement acquis, puis difficilement conservés, avant que Bonaparte ne commence à les rogner et que la Restauration ne les supprime.


Genre : Essai historique
Publié en 2019
Pages : 224
Français


Partenariat avec les éditions Passés composés

mercredi 21 mars 2018

"Le problème avec les femmes" de Jacky Fleming

Titre original : The Trouble With Women

La marquise du Châtelet prenait d'énormes risques de se voir pousser une barbe et d'endommager son système reproductif en effectuant de tête des divisions à neuf chiffres.
Le tout représenté par une marquise savante posée sur un sofa en train de calculer. Et toute l'oeuvre est ainsi : du texte et des dessins très drôles. Jacky Fleming a ainsi dessiné des hommes, ces dits "génies", avec une grosse tête, tandis que les femmes ont des petits visages. L'auteure manie l'ironie durant tout le livre et amuse donc beaucoup. D'un tempérament plutôt optimiste, cela aurait pu me répugner, ne supportant pas la mention "sexe faible" ou "les minorités". Mais j'ai en fait sourit dès que j'ai ouvert ce livre et cela a été comme cela tout le long.

Jacky Fleming s'en prend aux hommes que l'on ne cesse de citer aujourd'hui et qui ont pourtant eu des réflexions intolérables à entendre aujourd'hui. Un exemple : Jean-Jacques Rousseau qui disait qu'il fallait "contraindre les femmes dès leur plus jeune âge, afin que leur disposition naturelle qui est de plaire à l'homme leur vienne plus naturellement". Il y a aussi Darwin et son collègue et ami George Romanes, Ruskin... Des propos d'hommes, mais aussi des actions de femmes. Jacky Fleming remet au goût du jour des "oubliées". Sont ainsi évoquées, par exemple, Nan Aspinwall, qui a traversé l'Amérique à cheval, ou bien la naturaliste Marianne North.

=> Jacky Fleming ouvre "la poubelle de l'Histoire" pour parler des femmes, avec beaucoup d'ironie. Un livre essentiel. Le problème avec les femmes, c'est qu'il n'y en a pas.


Résumé : « Autrefois, les femmes n'existaient pas, et c'est pour cette raison qu'elles sont absentes des livres d'histoire. Il y avait des hommes et parmi eux, un certain nombre de génies. » À travers une succession de dessins hilarants, Jacky Fleming retrace avec ironie l'évolution de la femme dans notre société. Second degré garanti !


Genre : Bande dessinée
Publié en 2016
Pages : 128
Britannique


Thème « La Fille de la Bande » 
→ un livre dont l' héroïne est une femme et dont l'auteure est une femme aussi (3/12)

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mercredi 13 septembre 2017

J'ai découvert la plume de : Juliette Benzoni avec "Ces belles inconnues de la Révolution"


Bientôt ce sera l'amour et, sous les yeux de la duchesse qui, d'ailleurs, ne se doutera jamais de rien, la jolie madame de Genlis devient la maîtresse du duc de Chartres...
La vertu est décidément un meuble bien encombrant quand un prince charmant vous prie avec passion de la laisser de côté...

Résumé : Reine des Merveilleuses, avocate par passion, maîtresse d’un prince, reine du théâtre et de la galanterie, prête à aller en prison par amour, femme sacrifiée, aventurière… toutes les belles inconnues réunies par Juliette Benzoni ont vécu la période de la Révolution française entre drame et passions. 
  L’auteur propose une vingtaine de portraits de femmes au destin hors du commun : Mme Tallien amie de Joséphine, Mme de Genlis maîtresse d’un prince et « gouverneur » d’un roi, Mme Roland et ses amoureux, les aventures de Lady Eliott à Paris, la vie romanesque de la belle Pamela, Gabrielle et Louise les deux amours de Danton, les amours tumultueuses de Mme de Beauharnais et de Lazare Hoche, les malheurs de la passionnée Sophie de Monnier, Emilie Chalgrin et le peintre David, Victoire de la Villirouet avocate par amour… 
  Alliant le souffle de l’aventure à la rigueur de l’histoire, Juliette Benzoni ressuscite les figures de ces femmes célèbres ou oubliées.

Mon avis : <3

Pourquoi avoir choisi de lire ce livre ? J'avais très envie de découvrir la plume de Juliette Benzoni et ce depuis longtemps. J'étais quelque peu embêtée car elle a écrit beaucoup de séries - j'en ai deux pour le moment dans ma bibliothèque - et je n'avais pas tellement envie de me lancer dans la lecture d'un tome pour ne lire la suite dans longtemps.

Un problème semblait s'imposer à moi avant même de commencer ma lecture : comment parler de vingt femmes en seulement 299 pages ? En effet, un des problèmes avec ce livre est qu'il est très bref dans chacune de ses biographies. C'est dommage car à chaque fois j'avais envie d'en savoir plus sur la personne en question. J'ai été ravie de retrouver des femmes de lettre dont je cherche à découvrir les œuvres (difficile d'accès de nos jours), telle que Madame de Genlis ou encore Madame Roland.

Le livre suit une certaine chronologie et certaines histoires de vie se rapprochent, on entend ainsi parler de personnages qui sont présentés plus loin. Ces destins de femme sont souvent soumis à la Terreur de la Révolution et elles n'en montrent donc pas peu de courage. Cependant, l'auteure ramène tout à des hommes, ce qui m'agace. Je pensais que ce livre saluerait des femmes mais il n'en est rien. Disons aussi que l'amour est un thème qui ne me préoccupe pas énormément.

Un autre point qui m'a embêté est le fait que l'auteure se soit centrée uniquement sur les passions amoureuses de ces femmes et non sur leurs actes (ou alors leurs actes faits par amour). Un livre donc bien trop romantique pour moi. Et puis entendre parler du début à la fin que telle femme ou tel homme est beau/belle, charmant... m'a rapidement lassé. D'ailleurs, le titre emploi l'adjectif belle, comme si c'était la seule chose importante. Quand j'ai acheté cet ouvrage, je pensais qu'il s'agirait de parler d'actes héroïques de femmes pour tout vous dire alors quelle n'a pas été ma déception quand j'ai été plongée dans ce récit rempli de passions amoureuses (et de mariages) à n'en plus finir.

La plume de Juliette Benzoni se veut didactique, donc le plus clair possible. Les phrases sont courtes, ce que je fais moi-même quand j'écris, mais je n'ai pourtant pas accroché énormément avec cette plume. Ce que j'ai trouvé judicieux, cependant, est d'avoir mêlé la biographie à la fiction par le biais de conversations, ce que j'aime le plus, peut-être, en littérature. J'espère que des séries de cette auteure me plairont davantage...


=> Je ressors assez déçue par ce livre car je pensais découvrir le destin de femmes révolutionnaires alors que récit ne traite que de femmes amoureuses. Un livre que j'aurai eu moi-même l'idée d'écrire mais qui pourtant, à lire, n'est pas si plaisant que cela. Si vous avez déjà lu des ouvrages de cette écrivaine et que vous avez eu des coups de <3, n'hésitez pas à m'en faire part !


Genre : Biographie
Publié en 2014
Pages : 299
Français


@lefigaro.fr

Découvrir une auteure :
Juliette Benzoni

mercredi 10 août 2016

La Préciosité et ses Précieuses

Allumez un supplément de soleil (une chandelle), installez-vous confortablement dans les commodités de la conversation (un fauteuil) et laissez-vous porter par l'histoire des Précieuses, ces femmes d'excellence...

Qu'est-ce que la Préciosité ?

La Préciosité est un phénomène socio-littéraire qui atteint sont point culminant dans les années 1650 autour d'une aristocratie lettrée, dans les cercles mondains, les salons particuliers français. Ce n'est pas vraiment un genre mais plutôt un courant qui reflète l'évolution des moeurs de la bonne société.
Cette mode s'explique par la volonté de se distinguer de la grossièreté de la cour de Henri IV et ainsi d'introduire dans le langage plus d'élégance et de pureté. Les précieuses voulurent imposer l'élégance dans le costume, la conversation, le raffinement des sentiments et dans l'ambition féminine de participer aux manifestations littéraires et d'avoir une activité critique.


Une soirée chez madame Geoffrin, Gabriel Lemonnier


Les lieux précieux

C'est dans les salons tenus par des femmes de l'aristocratie parisienne qu'éclot la préciosité. Il existe deux centres marqués par cette galanterie : l'hôtel de Rambouillet et le salon de Mademoiselle de Scudéry.

L'hôtel de Rambouillet


Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet


L'hôtel de Rambouillet est actif dans les années 1630-1640 mais la Fronde lui porte un coup fâcheux. Le salon se tenait sous la houlette de Catherine de Vivonne (1588-1655) qui portait le pseudonyme d'Arthénice (anagramme de son prénom) et que l'on se plaisait à surnommer "l'incomparable Arthénice". Dans ce salon figure toute l'aristocratie cultivée mais on accueille aussi des hommes de lettres qui ne sont pas forcément de l'aristocratie, comme le célèbre Vincent Voiture. On y voit donc toutes les célébrités de l'époque : Malherbe, Racan, Jean-Louis Guez de Balzac, Vaugelas, Patru, Pierre Corneille, Rotrou, Saint-Évremond... et des femmes telles que Julie d'Angennes, Mlle Paulet, Mme de Sablé, Mme de La Suze...
On s'occupe par des plaisanteries, des jeux de société et des divertissements littéraires. Cet hôtel est resté célèbre pour La Guirlande de Julie (1790), une oeuvre écrite à plusieurs mains. Montausier faisait la cour à Julie d'Angennes, la fille de la marquise de Rambouillet, et il a demandé à chacun d'écrire un poème sur elle. Georges Scudéry, Desmarets de Saint-Sorlin et Jean Chapelain entre autres, y participeront.

Le salon de Madeleine de Scudéry

Madeleine de Scudéry


La seconde génération du courant précieux fera preuve de plus d'ambition. Le salon de Madeleine de Scudéry (1607-1701), plus littéraire que mondain, est celui d'un réel écrivain : ses romans sont publiés sous le nom de son frère Georges mais elle inaugure la tradition des femmes de lettres émancipées. Ainsi, elle est l'auteur d'Artamène ou  le Grand Cyrus (1649-1653, disponible chez GF) et de Clélie, histoire romaine (1654-1660, disponible chez Folio). Son salon devient une référence entre 1653 et 1660. Ses "samedis" sont très courus. Madeleine de Scudéry obtient ainsi une pension de Mazarin et l'amitié de futurs grands écrivains, tels que La Rochefoucauld, Mme de Sévigné et Mme de Lafayette. Ce salon est moins fermé que l'hôtel de Rambouillet et s'étend à Paris et en province. 


Dans les salons précieux

Somaize, dans son Grand dictionnaire des Précieuses (1661), fait du salon un des piliers de la préciosité. La conversation mondaine va alors supplanter la conversation masculine entre érudits. Rappellons que les femmes n'ont pas étudié les Anciens au collège comme les hommes, et vont ainsi privilégier la conversation à l'érudition et à la rhétorique. Elles fondent ainsi une forme de culture centrée sur la poésie et le roman. La culture précieuse se fonde sur l'oralité, se distinguant ainsi d'une culture livresque et scolaire.
Les activités des Précieuses sont diverses : vers, jeux de société, débats sur la psychologie amoureuse ou la littérature, ainsi que cultiver le raffinement aussi bien dans le langage que dans les moeurs. On y fait aussi beaucoup de poésie dans des genres à la mode : l'impromptu, l'épître en vers, l'élégie, le sonnet, le madrigal (petit poème spitiruel à sujet galant), les billets plaisants, la maxime, l'épigramme ou le blason. Le sujet principal de ces écrits est l'amour, respectueux des convenances. On lit aussi certains soirs des romans tels que L'Astrée d'Honoré d'Urfé ou Le Grand Cyrus et la Clélie de Madeleine de Scudéry.
Il y eu les salons mais aussi les ruelles, un espace laissé entre le lit et le mur, où se tiennent les amis intimes de la dame qui reçoit dans sa chambre, allongée dans son lit.

La Carte du Tendre


Véritable géographie de l'amour, la Carte du Tendre présente les différentes étapes d'un parcours amoureux idéal : les rivières "l'Estime", et la "Reconnaissance", conduisent à la "Tendresse" après avoir traversé les villages de "Jolis-vers", "Billet-galant" et "Billet-doux". Laissez-vous promener !

Les critiques

Les Précieuses s'attirèrent les railleries de leurs contemporains par leur excès. Elles furent la cible de satires et raillées pour leur jargon compliqué, l'affectation de leurs manières et leur refus de l'amour sensuel.
Le langage recherché et parfois ampoulé a été remis en cause par Somaize ou encore Molière qui critiqua les bourgeoises ayant copié les Précieuses dans sa pièce Les Précieuses ridicules de 1659. Le mot "précieuse" fut alors pris péjorativement et encore aujourd'hui on s'en sert pour désigner une personne affectée dans son air, dans ses manières et surtout dans son langage.
Il existe des débats sur cette catégorie littéraire car pour certains elle est nulle et non avenue. Ainsi, par exemple, Alain Viala préfère parler de "galanterie". La Préciosité n'est pas une catégorie universellement reconnue.

Un héritage précieux

Ces réunions eurent une importance capitale pour la formation du goût et de l'esprit français et la constitution de l'idéal classique. La préciosité est restée un idéal que recherchèrent des écrivains tels que Mallarmé, Proust, Giraudoux ou encore Paul Valéry.


Madame de Montespan (1640-1707)
Elle fréquenta les salons précieux dans sa jeunesse



Pour en savoir plus :



Vous pouvez aussi écouter cette émission sur France Inter : http://www.franceinter.fr/emission-les-femmes-toute-une-histoire-les-femmes-et-la-litterature-des-precieuses-aux-ecrivaines-d-.


-> Dans un prochain article, je vous parlerai... vocabulaire précieux !


Par Mandarine, une Précieuse d'aujourd'hui

samedi 12 septembre 2015

"Ces dames au salon - Féminisme et fêtes galantes au XVIIIè siècle" d'Anne-Marie Lugan Dardigna


Résumé : En France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les salons tenus par des femmes telles que Mme du Deffand, Mme du Châtelet ou Mme d’Épinay furent les lieux privilégiés de leurs revendications à exister. 
 Mais que s’est-il donc passé, dans le cours de ce XVIIIe siècle dont on a dit qu’il était le siècle des femmes ? Leur règne s’est affirmé à travers l’existence de ces salons où elles ont accueilli et protégé durant des décennies les philosophes et les écrivains, porteurs des idées nouvelles. Pourtant, la Révolution les oublie dans la Déclaration des droits de l’homme. L’égalité ne sera pas pour cette moitié-là de la société. Comment le statut des femmes a-t-il été de nouveau occulté par la figure de la mère qui prime encore aujourd’hui ? 

 Anne-Marie Lugan Dardigna est chercheuse et une figure du féminisme. Elle a notamment publié Femmes femmes sur papier glacé et, sur la littérature du xxe siècle, Les Châteaux d’Éros ou l’Infortune du sexe des femmes.

Mon avis : <3 <3 <3

Ce livre est sans doute celui que j'avais le plus envie de découvrir cet été. C'est désormais chose faite ! Je me suis régalée durant ma lecture. Il faut savoir que les salons littéraires sont un des sujets qui me passionnent le plus, sans oublier la Préciosité, qui est également évoquée dans cet ouvrage.

Cet essai porte sur les salons littéraires du XVIIIème siècle, mais l'auteure revient également sur les débuts des salons littéraires, c'est-à-dire au XVIIème siècle avec les fameuses Précieuses. Voici la première raison pour laquelle je vous le conseille. On peut aisément ne rien connaître à la vie culturelle du XVIIIème siècle et se lancer dans cette lecture car l'écrivaine explique tout et de manière claire. Le récit est très fluide et les pages se tournent aisément. Cependant, je regrette qu'il y ait si peu de pages. En effet, pour un sujet aussi passionnant, j'aurai pu lire sept cent pages ! Ma lecture s'est faite en deux jours seulement alors que lui consacrer plus de temps ne m'aurait pas dérangée le moins du monde.

Lorsque je dis que je me suis régalée lors de ma lecture, c'est que le sujet m'intéresse énormément. Les salons ont été des places essentielles au XVIIIème siècle ; ils comprenaient des écrivains, des philosophes, des artistes mais aussi des voyageurs célèbres, des diplomates et des mécènes. L'auteure parle, peut-être trop brièvement cependant, des salonnières les plus importantes du XVIIIème siècle : Mme de Lambert, Mme de Tencin, Mme du Deffand et Mme de Geoffrin. Chacune avait une personnalité singulière et par la tenue de leurs salons, elle ont fait faire un pas en avant pour la situation de la femme dans la société. J'ai donc davantage compris ce qui fait la particularité de ces femmes : elles revendiquaient une nouvelle version de "l'amour courtois" contre le désir. Il est aussi question de la maternité. Si les femmes étaient vues comme des procréatrices, les plus aisées d'entre elles ne s'occupaient pas pour autant de leurs enfants, qui étaient alors confiés à des nourrices. La célèbre Mme de Tencin a même abandonné son fils, le futur d'Alembert. Mais si une noble femme faisait le choix de vouloir élever ses enfants, on le lui refusait, telle Louise d'Épinay qui se vit refuser cette envie à cause de sa famille qui s'y refusait. Quel siècle tout de même !

Vie culturelle, maternité, relation mère-fille, éducation, les femmes sont au coeur de ce livre, et c'est la deuxième raison pour laquelle je vous le recommande. C'est aussi l'occasion de comprendre la Révolution française sous un autre aspect, Anne-Marie Lugan Dardigna consacrant le dernier chapitre aux femmes sous la Révolution, avec des figures telles que Mme Roland, Olympe de Gouges ou encore Théroigne de Méricourt.

Si le livre est trop court, il a néanmoins été un coup de coeur. Durant ma lecture, je n'ai cessé de me dire que c'était PAS-SION-NANT !

=> Si les salons littéraires, l'histoire des femmes ou encore le XVIIIème siècle vous intéressent, ce livre est celui qu'il vous faut ! Je garde ce livre à portée de main pour y revenir dès que cela me sera nécessaire.


Genre : Essai
Publié le 1er octobre 2014
Pages : 185
Français