dimanche 27 septembre 2015

"Le temps des illusions - Chronique de la Cour et de la Ville 1715-1756" d'Evelyne Lever



À Paris, les courtisans se reçoivent et se montrent beaucoup plus communicatifs qu'à Versailles. Fuyant l'ennui, ils vont de salon en salon où la société est beaucoup plus variée qu'à la Cour. Ils cultivent leur esprit, forment leur goût et acquièrent de nouveaux plaisirs par la fréquentation des hommes de lettres, qu'ils ne considèrent plus comme des amuseurs mais comme des penseurs qui font passer leurs idées sur la science, la morale ou la philosophie dans une conversation enjouée.

Résumé : Versailles, Paris : deux mondes opposés qui ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Versailles, résidence du roi, séjour de la cour, est le lieu du pouvoir, de l’intrigue, de l’élégance et de toutes les convoitises, mais Paris, centre de l’Europe, rayonne d’une vie intellectuelle et artistique brillante. 
 Dans cette chronique détaillée au jour le jour, et parfois heure par heure, qui commence à la mort de Louis XIV (1715) et prend fin au milieu du siècle, Evelyne Lever nous entraîne dans un va-et-vient riche d’anecdotes du château à la capitale : de la galerie des Glaces et des petits appartements de Louis XV jusqu’aux ateliers des artisans en passant par les hôtels aristocratiques, les églises, les salons littéraires, les jardins, les théâtres. On participe ainsi aux fêtes, on voit les curieux s’amasser pour assister à l’exécution de Cartouche ou pour acclamer le roi surnommé le Bien-Aimé ; on se promène dans les quartiers de la capitale, mais on découvre aussi secrets d’alcôve et de famille, complots et scandales. L’auteur brosse avec talent des portraits du souverain, de sa famille, des courtisans, des philosophes, des artistes et aussi du petit peuple parisien. Elle dénoue les intrigues de la cour où le sexe se mêle à la politique, elle raconte les crises financières, expose les grandes orientations politiques du règne, écoute les revendications populaires. 
 C’est tout un monde qui s’anime et découvre, sous l’influence des philosophes, qu’il a droit au bonheur. 

Historienne, chercheur au CNRS, Evelyne Lever a publié chez Fayard Louis XVI (1985), Louis XVIII (1988), Marie-Antoinette (1991), Philippe-Égalité (1996), L’Affaire du collier (2004), C’était Marie-Antoinette (2006).

Mon avis : <3 <3

Je savais d'avance que cette lecture me plairait car étant passionnée par le XVIIIème siècle, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers cet ouvrage. Je connais l'auteure, Evelyne Lever, pour l'avoir vu participer à des émissions historiques télévisées. J'aimais déjà beaucoup la manière qu'elle avait de parler oralement de l'histoire, alors sa plume ne m'a pas été indifférente non plus. Evelyne Lever est considérée comme une grande historienne et c'est avec hâte et joie que je me suis lancée dans son ouvrage.

La chronique est sans la doute la forme la plus adaptée pour parler d'un siècle en profondeur et surtout pour le comprendre. Comme l'indique le résumé, tout est relaté : la vie politique (les événements autant que les alliances), la vie culturelle (comprenant le théâtre, les fameux salons littéraires, les écrivains, les peintres...) et la religion. À mesure que l'on avance dans l'ouvrage, on a l'impression de regarder par la serrure d'une porte tellement le récit est vivant. Il faut dire que raconter les faits au présent ajoute du cachet.

Le récit commence en 1715, à la mort de Louis XIV. Le livre est divisé en chapitres, eux-mêmes subdivisés en paragraphes titrés, ce qui permet d'être face à un récit organisé selon le thème (politique, famille royale...). Didactique, l'ouvrage contient aussi une carte de 1715 et une généalogie pour que le lecteur puisse se retrouver aisément dans les affaires de famille. On suit donc le règne de Louis XV, qui doit beaucoup à la régence de Philippe d'Orléans, jusqu'en 1756. Ce livre m'a donc permis d'avoir un aperçu riche et intéressant du début du XVIIIème siècle en seulement 400 pages. Je commence à connaître pas mal l'histoire de ce siècle mais cette lecture m'a apporté de nouvelles connaissances dessus et a fait le point en terme de chronologie sur pas mal d'événements. Mes connaissances ont aussi été confirmé, telle que la mélancolie habituelle de Louis XV. En fait, j'ai davantage compris ce roi. On le suit de son enfance jusqu'à l'âge adulte. À vingt ans, il est déjà père de cinq enfants, ce qui fait que j'ai commencé à le comprendre et j'ai encore davantage réfléchi sur les moeurs de l'époque où l'on se mariait adolescents et où l'on avait des enfants très tôt. Pour les reines, leur "fonction principale" était de donner un héritier (les filles sont souvent vues comme des déceptions), ce qui me frappe toujours.

=> Cet ouvrage conviendra parfaitement aux passionné(e)s du XVIIIème siècle mais aussi à ceux et celles qui voudraient s'attarder un peu sur le début de ce siècle foisonnant, tout comme l'est ce livre. Pour sûr, ce ne sera pas le dernier ouvrage que je lirais d'Evelyne Lever !


Genre : Essai historique
Publié le 15/02/2012
Pages : 440
Français


Suite : Le crépuscule des rois, Chronique 1757-1789

samedi 12 septembre 2015

"Ces dames au salon - Féminisme et fêtes galantes au XVIIIè siècle" d'Anne-Marie Lugan Dardigna


Résumé : En France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les salons tenus par des femmes telles que Mme du Deffand, Mme du Châtelet ou Mme d’Épinay furent les lieux privilégiés de leurs revendications à exister. 
 Mais que s’est-il donc passé, dans le cours de ce XVIIIe siècle dont on a dit qu’il était le siècle des femmes ? Leur règne s’est affirmé à travers l’existence de ces salons où elles ont accueilli et protégé durant des décennies les philosophes et les écrivains, porteurs des idées nouvelles. Pourtant, la Révolution les oublie dans la Déclaration des droits de l’homme. L’égalité ne sera pas pour cette moitié-là de la société. Comment le statut des femmes a-t-il été de nouveau occulté par la figure de la mère qui prime encore aujourd’hui ? 

 Anne-Marie Lugan Dardigna est chercheuse et une figure du féminisme. Elle a notamment publié Femmes femmes sur papier glacé et, sur la littérature du xxe siècle, Les Châteaux d’Éros ou l’Infortune du sexe des femmes.

Mon avis : <3 <3 <3

Ce livre est sans doute celui que j'avais le plus envie de découvrir cet été. C'est désormais chose faite ! Je me suis régalée durant ma lecture. Il faut savoir que les salons littéraires sont un des sujets qui me passionnent le plus, sans oublier la Préciosité, qui est également évoquée dans cet ouvrage.

Cet essai porte sur les salons littéraires du XVIIIème siècle, mais l'auteure revient également sur les débuts des salons littéraires, c'est-à-dire au XVIIème siècle avec les fameuses Précieuses. Voici la première raison pour laquelle je vous le conseille. On peut aisément ne rien connaître à la vie culturelle du XVIIIème siècle et se lancer dans cette lecture car l'écrivaine explique tout et de manière claire. Le récit est très fluide et les pages se tournent aisément. Cependant, je regrette qu'il y ait si peu de pages. En effet, pour un sujet aussi passionnant, j'aurai pu lire sept cent pages ! Ma lecture s'est faite en deux jours seulement alors que lui consacrer plus de temps ne m'aurait pas dérangée le moins du monde.

Lorsque je dis que je me suis régalée lors de ma lecture, c'est que le sujet m'intéresse énormément. Les salons ont été des places essentielles au XVIIIème siècle ; ils comprenaient des écrivains, des philosophes, des artistes mais aussi des voyageurs célèbres, des diplomates et des mécènes. L'auteure parle, peut-être trop brièvement cependant, des salonnières les plus importantes du XVIIIème siècle : Mme de Lambert, Mme de Tencin, Mme du Deffand et Mme de Geoffrin. Chacune avait une personnalité singulière et par la tenue de leurs salons, elle ont fait faire un pas en avant pour la situation de la femme dans la société. J'ai donc davantage compris ce qui fait la particularité de ces femmes : elles revendiquaient une nouvelle version de "l'amour courtois" contre le désir. Il est aussi question de la maternité. Si les femmes étaient vues comme des procréatrices, les plus aisées d'entre elles ne s'occupaient pas pour autant de leurs enfants, qui étaient alors confiés à des nourrices. La célèbre Mme de Tencin a même abandonné son fils, le futur d'Alembert. Mais si une noble femme faisait le choix de vouloir élever ses enfants, on le lui refusait, telle Louise d'Épinay qui se vit refuser cette envie à cause de sa famille qui s'y refusait. Quel siècle tout de même !

Vie culturelle, maternité, relation mère-fille, éducation, les femmes sont au coeur de ce livre, et c'est la deuxième raison pour laquelle je vous le recommande. C'est aussi l'occasion de comprendre la Révolution française sous un autre aspect, Anne-Marie Lugan Dardigna consacrant le dernier chapitre aux femmes sous la Révolution, avec des figures telles que Mme Roland, Olympe de Gouges ou encore Théroigne de Méricourt.

Si le livre est trop court, il a néanmoins été un coup de coeur. Durant ma lecture, je n'ai cessé de me dire que c'était PAS-SION-NANT !

=> Si les salons littéraires, l'histoire des femmes ou encore le XVIIIème siècle vous intéressent, ce livre est celui qu'il vous faut ! Je garde ce livre à portée de main pour y revenir dès que cela me sera nécessaire.


Genre : Essai
Publié le 1er octobre 2014
Pages : 185
Français

mardi 1 septembre 2015

"Secrets d'Histoire 4" de Stéphane Bern


Résumé : « Arpenter les chemins escarpés de l’Histoire, pénétrer la pensée de ceux qui l’ont incarnée pour en saisir le cheminement est une aventure passionnante. Nous croyons tout savoir d’un personnage, d’un lieu, d’une époque, et pourtant, nous nous laissons encore surprendre. Femmes éprises de liberté ou amoureuses allant au bout de leur passion comme Caroline-Mathilde de Danemark, George Sand, Camille Claudel ou Aliénor d’Aquitaine ; ambitieuses et volontaires comme Eva Perón ou Diane de Poitiers. Sans oublier le rêve de gloire de La Fayette, le caractère ombrageux de Charles Quint, la troublante passion de Charles IX, l’énigme de Richelieu, puissant ministre que Victor Hugo appelait ‟ l’homme à la main sanglante, à la robe écarlate ”, le mystère de la vie de Nostradamus ou la malédiction des Kennedy… S’attacher aux pas de ces personnages hauts en couleur, c’est aussi retrouver dans l’Histoire le souffle de l’épopée qui manque tant à notre époque. 

Mes nouveaux Secrets d’Histoire, enrichis d’encadrés, se racontent, s’écrivent et se vivent aussi sur les lieux où l’Histoire s’est produite. Du Vatican au palais princier de Monaco, je vous invite, en laissant parler les murs, à la découverte de lieux exceptionnels, souvent méconnus. » 

Stéphane Bern

Mon avis : <3 <3

Ce livre est tiré de l'émission télévisée Secrets d'Histoire diffusée sur France 2 et que vous connaissez sans doute. J'apprécie de regarder ces émissions mais n'ayant pas la télévision la plupart du temps, je me suis rendue compte, à la lecture de ce tome, que j'avais manqué pas mal de sujets. J'ai déjà lu les trois tomes précédents donc je connais bien la forme privilégiée par l'auteur. J'ai pris du retard et je viens seulement de lire le tome 4, puis ce sera au tour du tome 5 dans quelques temps. Mais penchons-nous sur ce quatrième opus. La nouveauté de ce tome-ci ? Les encadrés, qui portent sur des endroits chargés d'Histoire et en lien avec le sujet. Situés à la fin des chapitres, ils sont intéressants et donnent bien évidemment envie de visiter ces lieux ! Je félicite donc Stéphane Bern pour cette initiative.

J'ai été très enthousiaste par la découverte de l'Histoire de certains pays tels que Monaco, l'Espagne, la Belgique, l'Argentine, le Danemark... et ce par l'intermédiaire de personnages historiques particuliers. Je me suis ainsi fait la réflexion que je connais surtout l'Histoire de France et peu celle d'autres pays. Cette entrée en matière a donc été des plus plaisantes.

Ce que j'aime également avec les Secrets d'Histoire, c'est d'avoir une biographie sur un personnage en peu de pages, ce qui donne ensuite envie (ou pas) de se documenter davantage sur la personne en question. Ces livres sont toujours l'occasion de découvrir des personnes qui ont marqué l'Histoire et dont on ne parle jamais, par exemple la princesse Louise de Belgique ou encore Caroline-Mathilde de Danemark dont le destin est tragique. Vous l'aurez compris, ce tome-ci est une porte ouverte sur une Histoire que nous connaissons moins et que nous n'avons pas dans nos programmes scolaires, celle des pays étrangers. De plus, les sujets ont l'avantage sur des personnes très diverses : personnages royaux, politiciens ou encore écrivains, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais !

=> Un livre rempli d'érudition, pour mon plus grand bonheur ! Je le conseille à tous les passionnés d'Histoire (et je sais qu'il y en a qui passeront par ici). C'est aussi le livre idéal à offrir pour faire aimer l'Histoire (ou tenter de le faire) !


Genre : Essai
Publié en octobre 2013
Pages : 360
Français