samedi 18 octobre 2014

"New York - Miami" / "It happened one night" de Frank Capra


FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Frank Capra
Scénario : Robert Riskin, d'après la nouvelle Night Bus de Samuel Hopkins
Genre : Comédie romantique
Production : Columbia
Sortie en 1934
Avec Clark Gable (Peter Warne) et Claudette Colbert (Ellen Andrews, dite "Ellie")
5 Oscar : meilleur film, meilleur rôle masculin, meilleur rôle féminin, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté

Histoire du film : Cette comédie romantique est considérée comme la première comédie loufoque et elle commence la tradition des comédies de remariage. Le film a connu le succès du public mais la production a été difficile : le scénario a d'abord été refusé (car les road movies en bus ne semblaient pas marcher) et il y a eu seulement quatre semaines de tournage, avec beaucoup d'improvisation, de scènes dans la rue (c'est l'un des premiers films tournés en extérieur). Beaucoup de vedettes avaient refusés le rôle et il s'agissait pour Clark Gable d'une sorte de punition car le studio de la MGM l'a prêté à Columbia. Pour Claudette Colbert il s'agissait d'un travail afin de subvenir à ses besoins. Capra a donc exploité cette hostilité des acteurs dans son film pour rendre les personnages plus crédibles. Grâce à ce film, ces acteurs ont gagné le seul Oscar de leur carrière et Gable, qui apparaît pour la première fois sans chemise, a été consacré comme sex-symbol.





Clark Gable appartenait au studio de la MGM. Il a commencé sa carrière au théâtre. Il est l'acteur principal du film américain parlant















Claudette Colbert travaillait pour le studio de la Paramount. Elle a inventé une figure classique américaine qui reviendra dans des films de Lubitsch, de Cukor...




Frank Capra (ci-dessus) est d'origine italienne et migre à l'âge de quatre ans aux États-Unis. Il fait des études d'ingénieur puis va à l'armée avant de se prétendre cinéaste en tournant un premier centimètre. Il a commencé a écrire du burlesque pour Henry Langdom et le producteur Mack Sennet mais lorsqu'il commence à tourner ses films il se fâche avec Langdom. Il est licencié et travaille alors avec la Columbia sur des films à petits budgets. Dans les années 1940, il réalise deux succès pour la Warner : L'homme de la rue (1941) et Arsenic et vieilles dentelles (1944). Il a réalisé des films de propagande pour l'armée. Après la guerre, il revient à Hollywood et connaît le déclin entravaillant pour la MGM. Il finira par signer avec Paramount et perdra une grande part de sa liberté.
Petite filmographie (en tant que réalisateur) :

  • Vous ne l'emporterez pas avec vous / You Can't Take It with You, Columbia, 1938
  • Mr. Smith au Sénat / Mr. Smith goes to Washington, Columbia, 1939
  • Arsenic et vieilles dentelles / Arsenic and Old Lace, Warner Bros, 1944


Synopsis : Ellie fuit son père millionnaire et décide de rallier New York. Dans le bus qui la mène là-bas, elle rencontre Pete, un journaliste, qui comprend très vite qui elle est, son père ayant promis une récompense à qui la lui ramènerait. Peu à peu, alors que l'argent commence à leur faire défaut et qu'ils continuent de fuir en auto-stop, Ellie apprend à mieux connaître Pete...

Éléments d'analyse du film : Chaque élément de l'histoire est jouée sur l'équivoque (équivoques sémantiques, jeux de style). Le désordre du film est ordonné par la mise en scène. La comédie ne veut pas montrer la réalité mais elle feint de la montrer. Durant tout le film, Ellie et Pete tentent de s'éloigner l'un de l'autre et de se rapprocher. Le voyage physique est aussi un voyage intérieur car les deux personnages principaux, Ellie et Pete, ne seront pas les mêmes qu'au début, ils vont changer au cours de leur parcours.


Mon avis : <3 <3
  Il s'agit de l'un des premiers films classiques hollywoodiens que j'ai regardé. Ce que j'aime le moins dans ce cinéma est le fait qu'il y a énormément d'adaptations littéraires et c'est une chose avec laquelle j'ai beaucoup de mal. Je pense que le cinéma doit avant tout créer pour lui-même et dans l'ensemble des films hollywoodiens que j'ai étudié, il y avait une majorité d'adaptations.
  Hormis ce point de départ malencontreux, j'ai bien aimé ce film et j'ai passé un bon moment. La société américaine n'y apparaît pas aussi prude que je le pensais car la jeune Ellie fume, et surtout, c'est cela qui est amusant avec les comédies romantiques, il y a plein d'allusions sexuelles explicites (le drap de la photo ci-dessus par exemple, qui sépare les deux acteurs durant leur voyage, mais qui finit par tomber à la fin du film puisqu'ils se sont "réconciliés").
  On a de quoi passer un bon moment avec ce film et j'ai ri à de nombreuses reprises : le "yeah" dans l'échange de Pete et du conducteur de bus, la bonne ambiance (cf. la scène de chansons joyeuses dans le bus). La scène où les deux personnages principaux déjouent les détectives est vraiment amusante et bien faite. Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer car il y a toujours un nouveau cadre, même si j'ai parfois trouvé qu'il y avait de l'attendu dans certaines situations ou dans certains dialogues.
La richesse d'Ellie est très marquée par rapport au journaliste. J'ai aimé cette distance entre les personnages, qui est très réaliste.
L'acteur qui joue Pete Warne est aussi celui qui joue Rhett Butler dans le film Autant en emporte le vent de Victor Fleming (cet acteur figurant sur la couverture de mes livres) et je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser dans le film car, comme lui, Pete est très serviable et s'occupe au mieux d'Ellie. Ce rapprochement entre les deux oeuvres me paraît assez intéressant.

=> Je conseille ce film à tous ceux qui souhaiteraient découvrir le cinéma classique hollywoodien et notamment une comédie romantique de 1934 qui fait passer un bien agréable moment.


Passage amusant de l'auto-stop et de la meilleure manière de brandir sa main pour arrêter les voitures

dimanche 12 octobre 2014

"Louis XIV : Le Roi-Soleil" de Max Gallo


Un roi ne peut se confier à personne et ne peut faire confiance à quiconque. Celui qui règne est seul.
Il a parfois envie de s'écrier comme Suréna, ce général romain auquel Corneille prête sa voix : "Mon vrai crime est ma gloire !"

Résumé : «Le roi est mort, vive le roi !» Ce matin de mai 1643, un nouveau soleil s'est levé sur le royaume de France. Sous l'oeil aimant d'une mère rompue à la politique, un roi-enfant découvre la charge que son sang et Dieu lui-même lui destinaient. Il sait pertinemment le poids qu'il lui faudra porter. Très vite, la Fronde vient inaugurer un douloureux apprentissage. Son amour pour sa mère, Anne d'Autriche, son respect pour Mazarin, un père de substitution qu'il ne peut s'empêcher de mépriser, son goût pour l'art, le jeu, les femmes et la chasse, ryth­ment une adolescence à nulle autre pareille. Car, non content de devenir un homme, le jeune Louis doit incarner l'Etat, guider la France vers l'âge d'or qu'il lui a promis. Malgré les embûches, les blessures, les deuils, il lui faudra régner. Seul.  

«(...) un roman bien écrit, bien informé, où Louis XIV n'est pas un monolithe dressé sur un piédestal, mais un être humain qui n'est pas dépourvu de majesté.»
Evelyne Lever - Madame Figaro

Mon avis : <3 <3

Voici un livre que j'ai récupéré à la fac, on débarrassait une bibliothèque et j'ai pu l'avoir gratuitement. Je ne pense pas que je l'aurai acheté sinon car j'avais cru voir de mauvaises critiques en cours ou ailleurs sur l'auteur et sa manière de romancer l'Histoire. Pourtant, cette lecture m'a semblé assez proche du réel. J'ai l'impression que l'auteur a retranscrit avec assez de fidélité ce qu'a pu éprouver Louis XIV face aux événements qui ont marqué sa vie. En plus, Évelyne Lever a écrit une bonne critique dessus (cf. résumé) alors je me suis finalement lancée dans cette lecture sans trop hésiter.

J'ai lu, dans mon enfance, le très bon livre L'enfance du Soleil d'Anne-Marie Desplat-Duc (que je vous conseille de lire ou d'acheter à vos enfants, neveux et nièces... car il s'agit d'un très bon livre, d'un bon moyen pour faire aimer l'Histoire aux enfants et Louis XIV est un des rois français dont on parle le plus. Grâce à cette lecture que j'ai effectué il y a quand même très longtemps, je savais déjà pas mal de choses sur la vie de ce grand monarque. Par contre, je n'ai pas aimé la structure. Les chapitres répertorient des années et au bout d'un moment on ne sait plus tellement dans quelle année on se situe...




Le style d'écriture est un point sans doute un peu plus négatif que le reste de mon avis. J'ai trouvé assez lourd le fait d'employer du futur pour dire ce que fera ou ce que ne fera pas Louis XIV. Et aussi, une lourdeur que j'ai trouvé récurrente : le fait de dire ce qu'un roi doit faire ou pas : "Louis XIV est un roi, il peut dire non ; Louis XIV est roi donc il doit...". Ça m'a beaucoup agacé. Après, l'auteur a sans doute dû aimé se mettre dans la tête du Roi-Soleil, ce que je comprend.

Je n'ai donc plus qu'à lire la suite, ce qui ne sera sans doute pas tout de suite mais le roman L'allée du roi de Françoise Chandernagor m'attend aussi sagement dans ma bibliothèque.


Genre : Biographie
Publié en 2007
Pages : 421
Français


Suite à lire :

  • L'Hiver du grand roi (2007)

mardi 30 septembre 2014

Trucs et Astuces : Mes lieux privilégiés pour acheter des livres

J'ai décidé de vous concocter un petit article spécial pour vous révéler où j'achète mes livres. Je ne fais pas énormément d'achats neufs, sauf si je ne trouve pas en occasion, et j'emprunte beaucoup aux bibliothèques, médiathèques...

Emmaüs


Il n'est pas un moment dans mon enfance où je ne suis pas allée acheter mes livres là-bas. Je fais d'une pierre deux coups : cela aide ceux qui en ont besoin et cela permet de se procurer des tas de livres pour le prix d'un neuf ! Contrairement aux idées reçues, j'ai de nombreuses fois trouvés des livres récents là-bas voire quasiment neufs, ce qui est toujours une bonne surprise.
J'ai désormais mes petites habitudes car je vais toujours au même Emmaüs. Je sais où se trouve chaque collection, les livres de poche, les pièces de théâtre, les arts du spectacle... Je m'y rend surtout en période de vacances, quand je sais que j'ai du temps pour lire, et je ne reviens jamais les mains vides...

Trouvez le magasin Emmaüs le plus proche

Les + : c'est pour la bonne cause et le prix
Les - : aucun !

Les brocantes

Je les fréquente depuis des années alors forcément... Parfois c'est moi qui vend mais je vais toujours faire un (petit) tour sur les autres stands. La plupart du temps je retrouve les mêmes livres : du Maupassant, du Zola... ces lectures acheteés pour les cours par des gens qui n'aiment pas lire (c'est un crime de revendre du Zola pour moi !). Et parfois je trouve de vraies perles. En plus, on a toujours l'occasion de marchander donc de s'acheter plus de livres... C'est comme ça que je vois les choses en tout cas !

Les + : marchander le prix
Les - : on retrouve souvent les mêmes livres


Les bourses aux livres

Récemment j'ai vendu des livres à une bourse aux livres et j'avais acheté pas moins de 7 livres alors que je n'en avais pas encore vendu moi-même... Cet endroit est idéal pour tout lecteur qui se respecte car on peut vendre soi-même ses livres ou simplement aller en acheter mais ce qui est certain c'est qu'on se retrouve entre lecteurs, et ça c'est un moment agréable à ne pas manquer !

Les  + : être entre lecteurs
Les - : aucun

Gibert Jeune
Gibert Jeune est incontestablement mon libraire préféré. J'ai découvert cette librairie l'année passée, une proche me l'ayant conseillée alors qu'elle n'habite même pas à Paris. À chaque fois que j'y vais il faut prévoir quelques heures, le temps d'aller au rayon livres de poche, à la boutique Histoire et à celle de Lettres... On y trouve aussi bien des livres neufs que des livres d'occasion. J'adore cet endroit, le concept, et c'est là où j'ai acheté mes livres pour la rentrée. On peut même venir déposer ses livres pour les revendre !
Contrairement aux librairies de ma ville où l'on ne trouve même pas les oeuvres de Madeleine de Scudéry dans les rayons, ce qui est aberrant, je n'ai jamais été déçue par le fait de ne pas trouver le livre que je cherchais. Ce lieu est le paradis du lecteur !

Site web Gibert Jeune 

Les  + : un très large choix de livres, des livres neufs et d'autres à moitié prix ; possibilité de revendre ses livres
Les - : le manque de place pour circuler et regarder les livres


Le potager du livre


Enfin, depuis l'année dernière je souhaiterai aller dans cette librairie et je compte bien le faire cette année même si c'est très loin de chez moi (comptez 1h15 de trajet à première vue). Cette boutique conviendra à tous les parisiens et les personnes vivant en Île-de-France. Voici le descriptif du site :


"Le Potager du Livre, installée à Versailles depuis 1993,
 reprise en 2005 sous l’enseigne actuelle, 
notre librairie propose des livres neufs à prix réduits, des déstockages et des soldes d’éditeurs. 

 Nos arrivages sont réguliers. 

 Vous trouverez également un large choix de CD de DVD et de carterie." 


Cela donne envie !


 Les  + : à découvrir !


Parlez-moi de vous ! Est-ce que vous connaissez ces endroits et les fréquentez assidûment comme moi ? Quels sont vos lieux à vous pour acheter des livres ? Je serai très curieuse de le découvrir !

mercredi 17 septembre 2014

"Madame de Montespan" de Jean-Christian Petitfils


Il vaut mieux se voir peu avec douceur que très souvent dans l'embarras.

Résumé : Il est peu de dire que la figure de Madame de Montespan a été déformée dans l'Histoire, suscitant fascination chez les uns, répulsion chez les autres. Etincelante d'esprit, Françoise de Rochechouart, épouse du marquis de Montespan, fut la vraie reine de Versailles et de ses fêtes, la royale déesse des arts et des lettres, encourageant Molière, Racine, Boileau, soutenant La Fontaine, Mansart, Lulli, Lambert. Ombres et lumières dessinent sur sa personnalité un étonnant contraste. Cette "Junon, tonnante et triomphante", impérieuse, dépensière, brûlante d'ambition et de jalousie, fut-elle la cliente des sorciers et des empoisonneuses ? Le point est fait ici avec rigueur sur cette troublante affaire des Poisons et la culpabilité supposée de la mère des bâtards royaux. Moins connue est la longue pénitence de celle qui, pendant ses dernières années, retrouva la foi chrétienne, racheta ses péchés et le scandale du "double adultère" par une vie de jeûne, de prière et de charité. Jamais ouvrage aussi complet ne nous avait restitué de façon si vivante le portrait de cette favorite royale qui occupa une place exceptionnelle au Grand Siècle. 

Jean-Christian Petitfils a notamment publié un Louis XIII, un Louis XIV et un Louis XVI couronnés par de grands prix littéraires et qui ont rencontré un large succès. 


Mon avis : <3 <3 <3

Cette biographie a été un véritable plaisir de lecture, je lisais avidement chaque page. Le commencement n'a certes pas été des plus faciles. Je suis entrée, bien perdue, dans la généalogie des protagonistes. C'est sûrement ce qui est le plus difficile dans l'Histoire. Mais je me suis accrochée. Durant toute ma lecture ça n'a pas été simple car l'auteur tend à préciser la descendance de telle personne connue qui est liée à telle autre par des liens de parenté. Cependant j'ai réussi à retenir grossièrement les enfants de Madame de Montespan, ce qui est déjà pas mal !

C'est lors du Salon du livre de Paris de 2013 que j'ai rencontré par hasard l'auteur. Je l'ai reconnu pour avoir participé en tant qu'interviewé à l'émission Secrets d'Histoire et je me suis approchée de sa table. Je ne m'étais pas intéressée auparavant à ses œuvres et du coup, je ne savais pas vraiment laquelle choisir. J'ai jeté mon dévolu sur Madame de Montespan et L'Affaire des poisons. Je ne regrette pas mon achat. Il y a de fortes chances pour que j'achète également Louise de la Vallière, dont ce livre-ci m'a montré un peu le visage. Il y a également dans la biographie de Madame de Montespan un chapitre consacré à l'Affaire des poisons mais je compte bien me plonger directement dans le volume qui lui est entièrement consacré.

J'ai vraiment beaucoup appris avec ce livre qui est passionnant à 100 % ! Ce livre est un très beau et grand travail de la part de Jean-Christian Petitfils. Ce livre est LE livre historique de référence car on est tout de suite plongé dans un travail d'érudit ; je dirai même que Jean-Christian Petitfils est l'auteur à suivre pour tous ceux qui veulent être sûrs de ce qu'ils lisent. Il y a des notes en fin de volume où le biographe a glissé des citations en plus du récit ou des localisations d'archives. Je suis très satisfaite quand à l'historien car j'aime bien les romans historiques mais là on a un contenu beaucoup plus détaillé et auquel j'accorde volontiers plus de confiance.
Après lecture, j'ai le sentiment de connaître toute la vie de Madame de Montespan et c'est appréciable. Tout est relaté : sa famille, son ascension, sa relation avec Louis XIV, son mari fou... En même temps de lire j'essayais de comprendre cette femme qui a marqué l'histoire

Le style d'écriture, clair et fluide, m'a été un vrai plaisir de lecture. Je tournais avidement les pages et j'en avais la gorge sèche à lire en remuant les lèvres (ce qui ne m'arrive que pour les lectures les plus prenantes). Bref, c'est un coup de coeur !

=> Une biographie magnifiquement bien écrite et prenante sur une maîtresse royale aimée puis oubliée. À lire de suite !


Genre : Biographie sur Madame de Montespan
Publié en 1988 (Fayard) / Septembre 2009 (Tempus)
Pages : 402
Français

À lire :

  • L'Affaire des poisons - Jean-Christian Petitfils (1977)
  • Louise de la Vallière - Jean-Christian Petitfils (1990)
  • Madame de Montespan, La favorite du Roi-Soleil à son zénith – Michel de Decker (2010)
  • L'allée du roi - Françoise Chandernagor (1981)

mardi 9 septembre 2014

"Enfance" de Nathalie Sarraute


Résumé : Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir "quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance". Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une oeuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

Mon avis : X

Le genre autobiographique n'est pas un genre que je vénère et j'en lis donc très rarement. Cela devait bien faire trois ans que je n'en avais pas lu mais à chaque fois cela me fait le même effet, et là ce fût évidemment le cas. Les dernières autobiographies que j'ai dû lire sont Lambeaux de Charles Juliet et Enfance d'Annie Ernaux (avec laquelle j'ai trouvé des ressemblances).
Je ne peux m'empêcher de me demander : ma vie (ici mon enfance) ne vaut-elle pas mieux d'être racontée que celle de l'auteur ? En effet, même si cette lecture nous permet de nous plonger dans l'enfance d'une autre époque, ce que je trouve intéressant, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai également vécue une enfance que je pourrai tout aussi bien faire lire. En fait, tout le monde pourrait raconter son enfance et on trouverait à chaque fois des choses intéressantes et différentes. Ce genre met en valeur certaines personnes, ce que je déteste.

L'histoire de Nathalie Sarraute n'est certainement pas des plus banales, même si elle a beaucoup voyagé durant son enfance. On ressent un certain malaise dans ce livre car l'auteur discute avec elle-même, ce que je trouve gênant car je n'avais jamais vu ce procédé auparavant. Je me suis demandée parfois si l'auteure n'avait pas essayée de s'inventer un ami à qui elle aurait souhaitée parler mais en fait il semble bien que ce dialogue soit un monologue avec elle-même. C'est stupéfiant à lire. Elle ne peut pas rattraper le passé mais elle se questionne encore dessus. Ses relations avec ses parents, divorcés, sont bouleversantes, et c'est là où elle a su capter mon attention. C'est comme si elle n'avait pas reçu d'amour d'eux et cela m'a fait beaucoup de peine. Le comportement de sa mère est décrit et j'aurai aimé en savoir plus sur les raisons.

Le style est clair et fluide. J'ai apprécié de pouvoir tourner les pages aussi facilement, les paragraphes étant très nombreux, car cela donne l'impression de lire un album d'enfant (d'où la concordance de la forme avec le titre). Cette sensation a été très agréable durant la lecture. Cette auteure ne fait décidément pas partie de mes préférés mais j'aimerai encore découvrir son roman Le Planétarium (1959).

=> Un genre que je ne lis que très rarement et que j'apprécie peu mais qui permet ici de se plonger dans l'enfance d'une petite fille, futur écrivain, du début du XXème siècle.


Genre : Autobiographie
Publié en 1983
Pages : 277
Mouvement : Nouveau Roman
Français

mardi 2 septembre 2014

"Marie-Antoinette, La Reine fantôme" de Rodolphe & Annie Goetzinger



Résumé : Jeune reine espiègle et frivole, puis figure martyre de la Révolution, Marie-Antoinette est une héroïne tragique dont le destin fascine et effraie. Quoi de moins étonnant, dès lors, qu'au terme de sa brève existence, elle n'ait pu trouver la paix, et que son ombre erre encore et hante notre monde ? A l'aube des années 1930, le peintre Maud de Brunhoe croise le fantôme de la reine, et une singulière amitié se crée entre les deux femmes. Maud saura-t-elle délivrer enfin la reine de sa malédiction, faire que cesse sa hantise et que le repos lui soit donné ?


Mon avis : <3 <3

  Cette bande dessinée m'a énormément attirée et plu tout simplement pour le sujet : Marie-Antoinette. C'est intéressant car même si l'histoire n'est qu'une fiction, elle rappelle les étapes importantes de la vie de la Reine.
  Le dessin est plaisant mais l'écriture des bulles m'a un peu gêné : je la trouve trop serrée. 
  La préface écrite par Rodolphe m'a interpellée : il explique qu'au départ leur collaboration devait porter sur deux Anglaises, miss Moberly et Gourdin qui, le 10 août 1901, ont affirmé avoir aperçu le fantôme de Marie-Antoinette dans les jardins de Versailles. Les deux auteurs ont abandonné cette idée parce qu'il n'avait pas assez de matière pour faire une histoire mais ont gardé une référence à ce fait dans leur bande dessinée finale.
  J'ai apprécié que la vie du personnage principal, le peintre Maud de Brunhoe, ait sa place dans l'histoire. On apprend qu'elle a eu un mari, bien plus vieux qu'elle, et qui lui a laissé un grosse fortune à sa mort, d'où la pression de son fils sur Maud pour des questions pécuniaires.
  L'histoire n'est pas non plus inattendue mais j'ai apprécié. Je remercie les auteurs d'avoir écrit une histoire aussi divertissante qu'intéressante !

=> Une bonne petite lecture qui nous promène entre les jardins du Trianon et Paris, d'un 5 octobre du XVIIIème siècle au 5 octobre 1934. 


Genre : Bande dessinée
Publié en 2011
Pages : 66
Français


À lire :


vendredi 22 août 2014

"La Chambre des Dames" & "Le Jeu de la tentation" de Jeanne Bourin

Passionné {Arnauld} de rhétorique, de logique, de scolastique, il préférait Aristote à la charité et l'étude des Humanités à celle des misères humaines. Sa mère et sa soeur se demandaient si, un jour, lassé de la dialectique, il ne se tournerait pas vers le cloître. Il n'était que d'attendre.
Je pensais que mon chemin aurait dû suivre son chemin aussi paisiblement que cette eau, dit-elle. Au début de mon mariage, tout semblait le laisser prévoir.- Qui vous prouve qu'au long de son parcours, le Cher n'est pas plus tumultueux qu'ici ? demanda Mathilde en prenant le bras de sa fille. Dans le trajet des rivières, des cascades et, parfois, même, des chutes. C'est ensuite, seulement, que le flux s'apaise.-Vous avez sans doute raison, mais il y a toutefois des crues qui submergent et et emportent tout sur leur passage.- Jusqu'au retrait des eaux.
Résumé : Jamais le Moyen Âge n'avait inspiré un tel roman, chronique chaude et familière d'une famille vivant au XIIIème siècle, dans le royaume de Saint Louis. Jeanne Bourin y conte l'existence quotidienne des Brunel, orfèvres à Paris, surtout celle des femmes et, tout particulièrement, de deux d'entre elles : Mathilde, la mère, trente-quatre ans, et Florie, sa fille, quinze ans, qui se marie. Tout semble tranquille, assuré. Rien ne l'est, car une folle passion et des événements dramatiques vont ravager la vie des Brunel. Si l'intrigue est imaginaire, le cadre historique, lui, ne l'est pas. Une documentation rigoureuse donne au moindre détail une authenticité que Régine Pernoud, éminente médiéviste, s'est plu à confirmer dans sa préface : les Brunel vivent sous nos yeux comme on vivait en ce XIIIème siècle rayonnant où l'on mêlait gaillardement vie charnelle et vie spirituelle. Et bien des idées reçues se voient battues en brèche. 

Grand Prix des lectrices de Elle, Prix des Maisons de la presse, La Chambre des Dames a fait l'objet d'un grand feuilleton télévisé sur TF1.

Mon avis : <3

Je suis un peu déçue par cette lecture : le début me présageait du bon temps et m'a plu mais à un moment j'ai commencé à avoir pas mal de points négatifs en tête. Tout d'abord, j'ai trouvé l'idée formidable : décrire le quotidien d'une famille bourgeoise au Moyen Âge. L'histoire est extrêment moderne par certains aspects que nous raconte l'auteur vis-à-vis des personnages : les parents qui se sentent vieillir, tout particulièrement la mère, les soucis que ceux-ci se font par rapport aux attitudes de leurs enfants, les enfants et leurs fautes, le mariage, les naissances etc. Tous les événements qui se passent pourraient tout aussi bien se passer au XXIème siècle. Ce que cette histoire m'a apporté en plus est de me faire une idée sur ce qu'est le Moyen Âge : la nourriture, les métiers exercés, les mœurs etc.

Les personnages principaux sont censés être Mathilde et sa fille Florie d'après le résumé de cette édition mais en réalité on a un large panorama de toute la famille. J'ai trouvé dommage que le mariage de Florie ou la naissance de Gaultier ne soient pas racontés alors que la naissance d'un nouveau fils sera décrite après. Il me manquait un aperçu des conditions d'accouchement au Moyen Âge mais j'aurai aimé que ce soit celui de Florie qui soit décrit.
Il y a de nombreux personnages ai-je pensé en voyant tous les personnages énumérés avant le début de l'histoire mais en fait cela a été, même si je confondais un peu la mère, Mathilde, et la fille, Florie, au début.

L'histoire est plaisante, mais il n'y a rien non plus d'inattendu ou d'exceptionnel. Seul le quotidien est décrit. J'ai trouvé aussi un certain romanesque : par exemple l'épisode d'Agnès avec le gorille et Philippe est juste improbable et je suis sorti du récit tellement je n'y croyais pas.

J'ai encore du mal à bien me représenter toutes les scènes au temps du Moyen Âge, cette époque ne m'étant pas totalement connue. En terme de récit moyenâgeux, pour le moment j'ai préféré La catin d'Iny Lorentz dont j'ai hâte de lire la suite.

=> Le début m'a bien plu et la suite m'a un peu refroidie mais la suite de l'histoire me tente quand même.




En agissant comme un homme raisonnable, il oublie que l'amour justement, n'est pas raisonnable, point du tout...
Résumé : Après La Chambre des dames, Le Jeu de la tentation est le second volet de la chronique familiale des Brunel, marchands et artisans, vivant en île-de-France, en ce XIIIème siècle rayonnant que Jeanne Bourin a su merveilleusement ressusciter. Nous sommes en juin 1266, le dernier bel été du règne de Saint Louis. Marie, la plus jeune fille des Brunel, est veuve depuis deux ans et mère attentionnée de deux enfants, Vivien et Aude. Elle a vingt-sept ans, un métier qu'elle adore, enlumineresse , et un amant fougueux, Côme Perrin, maître mercier. Mais Marie est déchirée entre son amour maternel et son penchant pour Côme. De plus, trois Lombards, truands et criminels, font peser sur sa famille une terrible menace. Dans cette période encore paisible, le destin des Brunel préfigure les malheurs qui vont s'abattre sur le royaume. Sous le regard d'Aude, la propre fille de Marie, commence alors le jeu de la tentation : argent, luxure, violence, désespoir, mort, jusqu'à la sainteté et au martyre.
La Chambre des dames et Le Jeu de la tentation ont fait l'objet d'un grand feuilleton sur TF1.
Prix Renaissance 1982.

Mon avis : <3

J'ai été déçue bien avant de commencer le livre en lisant sur le résumé qu'il ne serait plus question ni de Florie ni de sa mère. Je crois que je m'étais attachée à elles et en effet, ce livre-ci ne parle pratiquement pas de Florie, même lorsque celle-ci est dans une scène, Jeanne Bourin ne lui fait pas énormément de place. J'ai eu l'impression que Jeanne Bourin avait délaissé certains personnages, comme Florie, pour se concentrer sur d'autres et ça m'a gêné car elle parle du quotidien d'une famille et n'évoque pas tous les membres comme dans le premier tome.

Je me suis aussi attachée à Marie, la dernière fille de la famille Brunel, mais j'ai eu du mal avec son caractère car l'auteur nous la décrivait comme timide dans le premier tome et là j'avais l'impression d'avoir un tout autre personnage. Sinon j'aimais bien son attachement très fort pour ses enfants et la fin nous laisse présager de l'espoir pour elle !

Je n'ai pas particulièrement apprécié l'intrigue car j'ai l'impression que c'est du déjà vu et presque rien ne me surprenait, ou peut-être la fin où j'ai commencé à retrouver un vif intérêt à l'histoire. L'épilogue est étonnant car il évoque des faits historiques un peu confus (bien compliqués, cette période va être sympathique à étudier !) et que l'on ne retrouvait pas ailleurs dans l'ensemble de l'histoire, ce qui m'a surprise durant ma lecture.

=> Ce tome-ci est moins long et je l'ai lu/dévoré en deux jours. En effet, j'avais toujours envie d'en savoir plus.


==> En somme, l'histoire ne m'a pas plus autant que je l'espérais, j'ai trouvé que l'intrigue manquait parfois d'originalité, mais elle a pour avantage de nous décrire le quotidien d'une famille au Moyen Âge. J'ai appris des faits, des métiers, du vocabulaire et le fait que Régine Pernoud, médiéviste, ait fait la préface du premier livre me donnait l'envie de faire confiance au récit.
  Je suis donc un peu déçue par ce que cette saga me présageait mais je poursuivrai quand même ma découverte des oeuvres de cette auteure (qui a eu une licence de lettres ET d'histoire, un peu comme moi !).


Genre : Chronique médiévale 
Publié en 1979 / 1981
Pages :  634 / 507
Français